22 avril 2009

La polémique sur le voile à l'école ravivée en Belgique

La polémique sur le port du foulard islamique dans les écoles belges, un sujet jamais vraiment réglé, est relancée après un récent arrêt du Conseil d'Etat. La juridiction administrative saisie, depuis 2005, d'une plainte déposée par le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie (MRAX) a estimé, le 17 mars, que des établissements ne pratiquaient aucune discrimination en interdisant le voile. Et, qu'au contraire, c'est ce voile qui pouvait être, en lui-même, discriminatoire.
Le MRAX protestait contre le règlement intérieur de deux écoles secondaires de Wallonie. Ces textes interdisent le port de " tout couvre-chef, tout signe ostensible d'appartenance politique ou religieuse " par les élèves. Ce choix avait été avalisé en 2005 par la ministre socialiste de l'éducation francophone (ce département a été scindé dans les années 1980).
REPLI ET ISOLEMENT
Pour le MRAX, de tels règlements ne visent en fait que les élèves musulmanes et portent atteinte à leurs libertés. " Faux ", a objecté le Conseil d'Etat, en estimant au passage que le MRAX avait d'autant moins de raison d'agir que la décision des écoles concernées ne contrevenait pas à son objet social - la lutte contre les discriminations - mais le confortait. Le président de ce mouvement réplique en évoquant une décision " idéologique, antidémocratique ".
Le Conseil d'Etat a, en tout cas, renforcé la position des collèges et lycées francophones qui interdisent, pour plus de 90 % d'entre eux, le foulard à l'école, sur la base de règlements flous évoquant la nécessaire neutralité de l'enseignement, l'obligation de tenues vestimentaires " correctes ", voire des raisons de sécurité. Dans leur majorité, les parents approuvent ces interdictions.
Les pouvoirs publics ont, quant à eux, évité de trancher la question, laissant les directions d'écoles et les pouvoirs organisateurs des différents réseaux régler l'affaire. Les ministres ne semblent plus désireux de relancer une discussion très sensible, pour ne crisper ni les milieux laïcs ni les milieux musulmans, qui avaient organisé des manifestations en 2004.
Les dirigeants politiques renvoient aux conclusions d'une commission instaurée à l'époque pour analyser le problème. Cette commission avait conclu notamment que le modèle français était inapplicable en Belgique en raison de l'histoire, de la Constitution et de l'organisation scolaire en vigueur mais elle n'avait pas proposé de solution alternative.
La décision du Conseil d'Etat " donne un coup d'arrêt symbolique aux contestations de - la - mixité en provenance des milieux intégristes ", note, dans le quotidien Le Soir, la philosophe Nadia Geerts, ferme partisane de la laïcité. Les partisans d'une école " ouverte " objectent que de nombreuses jeunes filles musulmanes désireuses de porter le voile ne trouveront bientôt plus d'établissements qui les acceptent, ce qui entraînera leur repli et leur isolement, soit tout le contraire de l'objectif recherché par les partisans de textes " anti-foulard ".

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