18 septembre 2009

Premier caprice strasbourgeois pour Rachida Dati ?

L'ancienne ministre de la Justice aurait insulté l'eurodéputé UMP Jean-Paul Gauzès, qui s'était attribué la rédaction d'un rapport qu'elle convoitait. "Il n’y a jamais eu de joute verbale entre nous", dément-elle auprès de Nouvelobs.com.
Rachida Dati. (AFP) L'eurodéputée Rachida Dati aurait invectivé un de ses collègue UMP du parlement de Strasbourg, au cours d'une réunion interne, affirme jeudi 17 septembre l'envoyé spécial de France Inter au Parlement européen.L'ancienne ministre dément cependant tout incident. Elle précise à Nouvelobs.com qu’elle n’a jamais insulté l’eurodéputé Jean-Paul Gauzès: "L’attribution des rapports s’est faite il y a 16 jours à Bruxelles. Il n’y a jamais eu de joute verbale entre nous. Je ne souhaite aucune polémique, juste faire mon travail de député européen le mieux possible. Je n’ai jamais été contactée par ce journaliste qui a rapporté ces rumeurs. Je suggère qu’on me laisse travailler en paix", déclare Rachida Dati.
"Ses compétences en matière financière restent à démontrer"L'incident rapporté par France Inter se serait déroulé lors d'une réunion des membres du Parti Populaire Européen (PPE) siégeant à la commission des affaires économiques et monétaires. Au cours de cette réunion, l'ancienne garde des Sceaux aurait couvert d'injures l'eurodéputé Jean Paul Gauzès, à qui elle reprochait d'avoir convoité la rédaction d'un rapport sur les fonds spéculatifs, qu'elle-même souhaitait se voir attribuer. Peu auparavant, toujours selon la radio, ses camarades n'avaient pas manqué de lui faire "observer que toute nouvelle élue, elle ne [connaissait] rien à la procédure parlementaire européenne, très différente de celle de l'Assemblée nationale française et que, de surcroît, ses compétences en matière financière [restaient] à démontrer".Ils lui auraient alors proposé un autre rapport, qu'elle a refusé avant d'insulter son collègue, considéré comme le spécialiste des questions économiques, et de finalement voter contre lui, au milieu d'une assemblée généralement habituée "à la mesure et à la concertation".Selon certains de ses confrères, Rachida Dati n'aurait pas mâché ses mots à cette occasion, écrit également l'AFP.
DéceptionLe PPE a finalement confié à Rachida Dati le suivi d'un rapport "sur la proposition de Règlement concernant le programme européen d'observation de la Terre (GMES)", selon le service de presse du parti.Jeudi après-midi, dans une déclaration à l'AFP, Rachida Dati s'est réjouie de sa nouvelle mission, qualifiant le Programme européen d'observation de la terre (GMES) de "projet ambitieux pour l'Europe".Mais son attachée parlementaire ne cache pas la déception de l'eurodéputée, en soulignant que Jean-Paul Gauzès "s'est auto-attribué" le rapport sur les fonds spéculatifs. "Il est très bon, mais il a déjà eu le rapport sur les agences de notation", souligne-t-elle, citée par l'AFP.
"Ce n'est pas bling bling"Pour sa part, Jean-Paul Gauzès, qui démarre son deuxième mandat d'eurodéputé, juge que la nouvelle élue veut aller trop vite. Le rapport sur les fonds spéculatifs, attribué après négociations aux conservateurs, intéressait huit eurodéputés, explique-t-il à l'AFP."Mme Dati m'a demandé de lui attribuer ce rapport", mais "je ne pouvais pas donner un rapport à quelqu'un qui vient d'arriver, qui n'a pas de technique parlementaire, un rapport aussi important pour lequel aussi il faut avoir des relations avec d'autres groupes", note Jean-Paul Gauzès.Il a tranché en prenant lui-même le rapport, mais a proposé de créer un groupe de travail avec tous les intéressés. "Elle a pris la parole pour dire que c'était inadmissible que je m'autodésigne", rapporte-t-il."C'est un rapport phare, parce que le G20 en parle. Mais ce n'est pas bling bling au sens de Voici ou Gala", affirme-t-il."Si on veut être puissant au Parlement européen, il faut être nombreux. Ici ce n'est pas de l'égo surdimensionné qu'il faut, c'est de l'humilité pour travailler avec les autres, qui ont des langues et des cultures différentes. On se fait une place petit à petit", ajoute l'eurodéputé.
Devenue eurodéputée contre son gré ?Dans les coulisses du Parlement, certains eurodéputés ne se montrent pas tendres envers la nouvelle élue Rachida Dati. "Elle se prévaut sans arrêt de son statut d'ancien ministre, mais ici il y en a beaucoup, dont des ex-Premier ministre", dit l'un d'eux, cité par l'AFP."Croyez-vous qu'on vienne au Parlement en disant qu'on veut le quitter?, demande une consoeur, en référence aux informations selon lesquelles Rachida Dati serait venue au Parlement européen contre son gré, sous la pression du président français Nicolas Sarkozy. Rachida Dati a indiqué mardi qu'elle pensait à une candidature aux élections législatives de 2012 dans la circonscription du VIIe arrondissement de Paris dont elle est maire.

Aucun commentaire: