12 mars 2010

Les propos de Gérard Longuet sur Malek Boutih déclenchent une polémique

Gérard Longuet, le patron des sénateurs UMP, a déclenché une polémique, mercredi 10 mars, en jugeant préférable de nommer à la Halde quelqu'un du "corps français traditionnel" plutôt que le socialiste Malek Boutih. M. Boutih est "un homme de grande qualité mais ce n'est pas le bon personnage" pour présider la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, a déclaré le patron des sénateurs UMP, invité de "Questions d'Info LCP-France Info-AFP". A la question de savoir pourquoi M. Boutih ne correspondait pas, à ses yeux, au poste, il a répondu : "Parce qu'il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes. Si vous voulez, les vieux Bretons et les vieux Lorrains – qui sont d'ailleurs en général italiens ou marocains – doivent faire l'effort sur eux-mêmes de s'ouvrir à l'extérieur." "Si vous mettez quelqu'un de symbolique, extérieur, vous risquez de rater l'opération", a insisté M. Longuet.

Le PS, par la voix de son numéro deux, Harlem Désir, s'est aussitôt dit "scandalisé" par ces propos, demandant à l'UMP de les "condamner immédiatement avec la plus grande fermeté et à M. Longuet de présenter des excuses publiques à Malek Boutih". "Ces propos sont bien plus qu'un dérapage, une véritable théorie raciale totalement contraire à l'idée de la nation républicaine et à l'égalité des droits entre les citoyens de toutes origines", a affirmé l'eurodéputé, en estimant que de telles assertions méritaient une saisine de la Halde.
Jean-Louis Borloo, le ministre de l'écologie, estime que Malek Boutih a le "bon profil" pour prendre la tête de la Halde, jugeant "rassurant" que Gérard Longuet se soit excusé pour ses propos "malheureux" à l'égard de celui-ci. "Je connais bien Malek Boutih, je l'apprécie énormément" a affirmé, jeudi, M. Borloo sur France Info. "Ce n'est pas le seul, mais c'est évidemment quelqu'un qui a à la fois la culture initiale du militantisme et en même temps il a pris de la sérénité et de la tranquillité, et moi j'ai beaucoup d'estime pour lui", a poursuivi le ministre.
Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre condamne lui aussi les propos de Gérard Longuet. "D'abord j'ai pas compris grand-chose de ce qu'il a dit, ensuite je considère que c'est plutôt regrettable", a déclaré M. Lefebvre interrogé sur France 2. Il a souligné que M. Longuet avait "lui-même dit que c'était une maladresse". "Pour moi c'était pas très compréhensible, y compris les expressions employées", a affirmé M. Lefebvre. Il accuse les socialistes de vouloir, à quelques jours du premier tour des régionales, "faire une nouvelle polémique pour essayer de masquer leur bilan qui est catastrophique dans les régions et le fait qu'ils n'ont aucun projet à proposer". "Pour la première fois, je les vois soutenir Malek Boutih" alors que "franchement, on ne peut pas dire que ce soient de bonnes relations entre Malek Boutih et la direction du PS", a-t-il ironisé.
De son côté, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, invité de RMC et BFM-TV, a approuvé jeudi les propos de Gérard Longuet. "Je suis d'accord avec cette déclaration, ça me paraît normal", a affirmé M. Le Pen. "M. Malek Boutih est un homme d'origine immigrée on le sait", a-t-il dit. "Que ce soit M. Longuet qui le dise c'est peut-être un petit signal qui est lancé pour essayer de récupérer quelques voix du Front national", alors que le président de la République "continue son ouverture à gauche d'une façon systématique", a-t-il estimé. Pour le leader du FN, le mieux serait de "supprimer la Halde" comme d'ailleurs "ces organisations dotées de pouvoirs exorbitants de poursuite et de dénonciation, comme SOS Racisme, le MRAP, etc.". Il faut, selon lui, leur retirer le soutien financier "de l'Etat, des régions, des départements".
Invité de LCI, Marine Le Pen a également demandé la suppression de la Halde, "un organisme d'idéologues fous" mis en place pour "imposer la discrimination positive partout". Selon elle, "la montée très grave des discriminations" se trouve "dans les quartiers difficiles, où il n'est pas bon être blanc, femme, juif, ou homosexuel, et cela la Halde n'en parle jamais".
 LEMONDE.FR avec AFP

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