23 mars 2010

Réforme de la santé américaine : une victoire historique à l'avenir incertai

"Oui, ils ont fait l'histoire", titre le Washington Post. Après des mois d'âpres négociations au Congrès, Barack Obama a remporté, dimanche 21 mars, une victoire législative majeure avec l'adoption d'une réforme historique de l'assurance-maladie. En portant personnellement cette réforme, M. Obama "a démontré qu'un président qui a un but, adopte un plan de bataille et s'y tient, n'est pas facile à mettre en défaut", souligne le Los Angeles Times.

La Chambre des représentants a approuvé par 219 voix contre 212 le texte adopté en décembre par le Sénat, alors qu'une majorité de 216 voix était nécessaire. "En bien des manières, cette bataille est la continuation des débats passionnés de la campagne de 2008", souligne Mother Jones. Le Wall Street Journal, pour sa part, ne décolère pas du ralliement de l'élu du Michigan, Bart Stupak, connu pour ses positions anti-avortement, et qui aurait "vendu son âme à un exécutif édenté". Au total, 34 démocrates ont voté contre le projet de loi avec 178 républicains, dont pas un n'a voté pour la réforme.
Sur dix ans, la réforme, d'un coût de 940 milliards de dollars (695 milliards d'euros), devrait aussi réduire le déficit américain de 138 milliards de dollars (102 milliards d'euros), selon le bureau du Budget du Congrès. Le texte prévoit en effet une baisse des dépenses du programme d'assurance-maladie des personnes âgées (Medicare). Au total, le texte devrait permettre de garantir une couverture à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus.
"Pendant les prochaines années, la plupart des Américains ne verra que des changements mineurs dans le système de santé", précise l'hebdomadaire Time. "Parmi les batailles autour de l'"Obamacare", aucune n'a été plus passionnée que celle portant sur l'impact de la réforme sur les seniors", souligne pour sa part Newsweek.

UNE DERNIÈRE ESCARMOUCHE RÉPUBLICAINE ?
"En se plaçant du point de vue de ce dont a besoin l'Américain moyen, le président a transcendé le débat gauche-droite, souligne The Daily Beast. Mais pour le New York Times, au contraire, ce succès politique met fin à la promesse d'un président "postpartisan". "Une grande victoire pour Obama, mais des élus démocrates divisés", relève pour sa part Politico.
D'autres publications pointent aussi le possible retour à l'offensive de l'opposition républicaine. Lors des fameuses "Tea Party", "la droite a déjà terni, de manière significative, l'image de Barack Obama", remarque l'Huffington Post. D'après MSNBC, le parti d'opposition pourrait aussi mener une dernière escarmouche lors de la "réconciliation" au Sénat, une procédure qui ne requiert pourtant qu'un vote de cinquante sénateurs. Pour le Boston Globe, les républicains espèrent aussi, à moyen terme, "retrouver leur base électorale, et affaiblir les démocrates lors des élections de mi-mandat de novembre, en martelant des arguments contre cette loi".
Le mois de novembre pourrait en effet être crucial pour l'administration Obama, conclut le Washington Post, alors que la "Maison Blanche et le parti démocrate ont déjà essuyé une défaite monumentale dans le Massachusetts [avec la victoire d'un républicain pour succéder à Ted Kennedy] et des menaces de défections au Congrès". The Atlantic n'hésite pas d'ailleurs à parler de "victoire en demi-teinte", soulignant enfin que ce projet de loi demeure impopulaire sur tout le territoire américain.
Le Monde.fr

Aucun commentaire: