27 janvier 2010

L'imam de Drancy porte plainte après des intimidations dans sa mosquée

L'imam de la mosquée de Drancy, en Seine-Saint-Denis, Hassen Chalghoumi, connu pour ses bonnes relations avec la communauté juive, a porté plainte, mardi 26 janvier, au lendemain de l'introduction dans sa mosquée d'un groupe qui a proféré des menaces à son égard. "Un commando de quatre-vingt personnes, le visage non masqué, a fait irruption dans la mosquée, où se trouvaient quelque deux cents fidèles. Ils ont forcé le passage et se sont emparés du micro après une bousculade. Ils ont alors adressé des menaces et des anathèmes à l'adresse de l'imam, le traitant de 'mécréant', d''apostat' et affirmant : 'On va liquider son cas, à cet imam des juifs'", raconte un conseiller de la Conférence des imams.

L'imam Hassen Chalghoumi s'est dernièrement déclaré favorable à une loi interdisant la burqa en France, mais en l'assortissant d'un travail pédagogique. Alors qu'il poursuit un dialogue avec les autres religions, "certains ne lui pardonnent pas d'avoir accueilli dans sa mosquée, chaussures enlevées, le président du CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France, ndlr]", Richard Prasquier, a ajouté ce conseiller.
Selon lui, M. Chalghoumi a aussi été l'objet récemment d'une "provocation", voyant entrer, pour la première fois dans sa mosquée, "trois personnes entièrement voilées auxquelles il a posé des questions, mais qui n'ont pas répondu, de sorte qu'il s'est demandé s'il avait affaire à des femmes ou à des hommes".
Evoquant les "anathèmes" portés contre l'imam Chalghoumi, le conseiller a ajouté : "Il n'y a pas besoin de faire bac + 5 pour comprendre que les termes employés équivalent à une fatwa", et le dépôt d'une plainte est "à l'étude". Il a mis en cause les Frères musulmans, affirmant que le commando appartenait à "un groupuscule nommé 'Cheikh Yassine' [fondateur du Hamas, tué en 2004 dans un raid israélien, ndlr], sous obédience des Frères musulmans, manipulé par l'UOIF [Union des organisations islamiques de France, ndlr]".
UNE ATTAQUE "PAS TRÈS ÉTONNANTE"
Fouad Alaoui, président de l'UOIF, interrogé par l'AFP, a démenti toute implication, s'interrogeant sur "ce qui permet à l'entourage de l'imam" de porter ses accusations. M. Alaoui "condamne l'agression contre l'imam de Drancy", tout en estimant que ce qu'il s'est passé "n'est pas très étonnant". "Nous l'avons mis en garde à plusieurs reprises pour qu'il équilibre ses paroles parce qu'il risquait d'attirer les réactions des extrémistes."
De leur côté, le Conseil des communautés juives de Seine-Saint-Denis et le Conseil des communautés juives de l'Ile-de-France ont exprimé "leur émotion" et "leur solidarité" à l'imam, parlant de "faits graves et inquiétants". Ils demandent au ministère de l'intérieur et au préfet d'"identifier rapidement les auteurs" et de procéder à la "dissolution" de leur groupe.

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