Un dernier message avant 2012", c'est en ces termes que le New York Times analyse la défaite de la majorité présidentielle aux élections régionales. Pour le quotidien américain, la faible mobilisation des électeurs ainsi que la netteté des résultats reflètent "à la fois la colère et l'éloignement" des Français vis-à-vis de leurs gouvernants. "La magie Sarkozy est en train de se dissiper", note le journal, qui précise que "le débat sur l'identité nationale et sur le voile intégral semblent avoir aidé, et non blessé, l'extrême droite". Nicolas Sarkozy est perçu comme un président "qui s'ennuie facilement et manque de suivi" dans son action, souligne l'auteur, qui prend néanmoins soin de rappeler que "les vainqueurs au niveau local ne font pas forcément des vainqueurs au niveau national", et que les socialistes n'ont pas encore désigné de candidat officiel pour 2012.
Le britannique The Guardian constate "une inversion des rôles" dans le paysage politique français, avec une gauche, autrefois divisée, qui "redécouvre l'art des alliances" avec les écologistes et l'extrême gauche, tandis que l'électorat de droite se fractionne à cause de "la résurgence du Front national et de l'effacement du centre". Le score du FN dénote, pour le Times, un "retour à la ligne dure" d'une partie des électeurs de droite, qui avaient voté pour Sarkozy en 2007 sur ses propositions en matière de sécurité et d'immigration. Ces élections marquent l'avènement de "Sarkozy 2.0", un président qui a perdu "son invisible aura" et devra "ralentir le rythme des réformes économiques et sociales qui ont entraîné le mécontentement et la confusion de ses électeurs".
Cette victoire "écrasante" révèle "une inquiétude grandissante concernant le modèle généreux mais étranglé par la dette" de l'Etat-providence français, analyse le Wall Street Journal. Pour le quotidien américain, "la récession et la forte hausse du chômage ont conduit Mr. Sarkozy à changer son fusil d'épaule et à plaider pour un rôle plus important du gouvernement". Néanmoins, tempère l'auteur, "les économistes se déclarent sceptiques quant à la volonté politique d'un Sarkozy, devenu impopulaire, à engager des réformes deux ans avant les prochaines élections présidentielles".
"ÉGOCENTRIQUE ET ERRATIQUE"
Le style présidentiel est largement à mettre au compte de la défaite de la droite, souligne le Los Angeles Times : "les vacances clinquantes de Sarkozy, ses vêtements de marque ainsi que ses sorties parfois vulgaires ont suscité le mécontentement", tandis que "les tentatives du gouvernement pour réduire les dépenses, y compris sur les emplois aidés, tout en menaçant de repousser l'âge de départ à la retraite", ont également écorné son image. De la même façon, The Independent se fait l'écho des critiques émanant du sein même de la majorité présidentielle, pour qui la défaite est due à un style de gouvernement "égocentrique et erratique".
Selon le FT, "l'humiliation a été évitée", mais "les réformes mal préparées et mal expliquées de Sarkozy" ont eu raison de la popularité du président de la République : pour le journal, le score "triomphal" de la gauche "pose la question de la capacité de Sarkozy à emporter un second mandat". Le journal voit en Martine Aubry la grande gagnante de ce suffrage, qui fait d'elle "une présidentiable crédible". Un avis partagé par le quotidien espagnol El Pais, pour qui l'enjeu socialiste est désormais de désigner un candidat pour les élections de 2012. Si le succès du PS place Martine Aubry en bonne posture, le journal souligne toutefois que "l'excellent score" de Ségolène Royal devrait lui faire retrouver sa stature de présidentiable.
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