Le jeune patron Mark Zuckerberg l’a déjà dit et redit : le but de Facebook, c’est « connecter le monde, tout le monde ». Encore faut-il s’entendre sur la définition de « tout le monde ». A ce propos, avant d’évoquer la dernière polémique en date concernant la gestion de la vie privée du réseau social aux 450 millions de membres, petit flashback. En décembre dernier, dans un article intitulé Facebook nous les poke sévère, on évoquait en long et en large les changements de paramètres de confidentialité.
En apparence bénins, ces modifications tendaient à inciter les utilisateurs à « ouvrir » leur profil et leurs publications à « tout le monde ». Pas au sens « tous les amis proches inscrits sur le site acceptés après demande », non, « tout le monde » au sens tous les internautes pouvant désormais accéder à leur contenu via les moteurs de recherche. Bienvenue dans le monde merveilleux de la recherche sociale et du temps réel. Évidemment, et c’est la moindre des choses, une simple et rapide correction des options de confidentialité (enfin, « simple et rapide », tout est relatif) pouvait éviter à tout membre de voir son flux offert en pâture aux robots de Google.
Sauf que la terminologie et méthode choisies par Facebook pour informer ses utilisateurs n’était pas franchement d’une pureté cristalline, comme en témoigne d’ailleurs les chiffres donnés par Facebook à propos des réactions d’utilisateurs post-changement de paramètres. Ainsi, 35% des membres avaient « mis au point leur paramètres » en janvier, un chiffre qui signifie, aux yeux de Facebook, que le message est bien passé. Pas vraiment l’opinion de la spécialiste des réseaux sociaux danah boyd, chercheuse pour Microsoft qui intervenait récemment au festival SXSW. « Est-ce qu’il y a des utilisateurs de Facebook qui veulent que tout leur contenu soit publiquement accessible ? Bien sûr. Mais qu’ils représentent 65% de Facebook, c’est juste impossible. »
Tout ceci nous amène donc à la dernière bévue de Facebook en date. Ou plutôt non, soyons précis : à la dernière « annonce de potentielle bévue », car le réseau social a tout de même retenu quelques leçons de ses multiples boulettes précédentes (pub intrusive, CGU imprécises...). Notamment celle de prévenir plutôt que guérir, autrement dit rendre publique des décisions potentiellement impopulaires plutôt que de les imposer directement aux utilisateurs. À l’approche de la f8, une conférence corporate qui se tiendra le 21 avril prochain à San Francisco, Facebook a annoncé sur son blog il y a plus d’une semaine (un vendredi soir, tard, ni vu ni connu) quelques nouveautés prévues pour les semaines à venir : il y est notamment question de géolocalisation (on y reviendra prochainement), mais le principal souci relevés par les blogs spécialisés reste avant tout le paragraphe « Applications et sites web tiers pré-approuvés. ». On sait déjà (mais il n’est pas inutile de le rappeler) que les applications facebook (les quizz à la con style « quelle Desperate Housewife es-tu ? » ou les jeux flash à base de moutons vampires) sont des aspirateurs à données personnelles. Facebook va plus loin en concoctant une sorte de version élargie et automatique de son Facebook Connect. Extrait de l’annonce :
« Pour pouvoir vous offrir une expérience sociale utile de Facebook, nous devons occasionnellement fournir des Informations générales à propos de vous à des sites web et à des applications pré-approuvés qui utilisent notre plate-forme avant même que ne vous vous y connectiez formellement. De même, si l’un de vos amis visite un site web ou une application pré-approuvés, ceux-ci recevront des informations générales sur vous que votre ami et vous-même puissiez vous connecter à ce site web (si vous possédez également un compte sur ce site web). »
Tranquillement mais sûrement, on se dirige donc vers un partage automatique des données personnelles à des sites tiers, même si Facebook assure qu’ils seront peu nombreux et soumis à une stricte autorisation, que les membres pourront supprimer tout accès à leurs infos en réglant leurs paramètres, etc. En bas du post annonçant la chose en VO, les commentaires négatifs s’accumulent dans toutes les langues. Postée ce matin sur le blog officiel, la réponse signée Barry Schnitt, directeur de la communication de Facebook, éclaircit quelques zones d’ombres. A commencer par des plaintes plutôt obsolètes, plusieurs commentaires pointant des problèmes totalement réglables via les paramètres du compte, énième preuve de la méconnaissance de nombreux utilisateurs sur le fonctionnement du réseau social.
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