15 septembre 2009

La crise des banlieues affecte de plus en plus de villes moyennes

À L'AUTOMNE 2005, déjà, pendant les trois semaines d'émeutes provoquées par le décès de deux adolescents à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), des dizaines de villes moyennes avaient été touchées par des violences urbaines. A l'époque, la plupart des observateurs avaient mis en avant " l'émulation " entre adolescents pour expliquer ces incidents, souvent limités à des incendies de voitures. Mais l'accumulation des violences, depuis deux ans, dans des villes comme Cavaillon (Vaucluse), Saint-Dizier (Haute-Marne), Firminy (Loire), Vitry-le-François (Marne), Romans-sur-Isère (Drôme) ou Pau (Pyrénées-Atlantiques) montre que la " crise des banlieues " touche aussi, en profondeur, des villes moyennes.
Ces violences naissent certes dans des contextes locaux très différents. Mais, dans la plupart des cas, elles reflètent le niveau élevé de défiance et de tensions entre jeunes des cités sensibles et forces de l'ordre. A Pau, début septembre, dans le quartier de l'Ousse-des-Bois, huit policiers ont été légèrement blessés au cours d'affrontements avec près de 80 jeunes. Les incidents auraient eu lieu alors que les fonctionnaires interpellaient un homme suspecté de vol à l'étalage. La cité avait déjà connu des violences graves en 2003 avec l'incendie d'un poste de police. A Firminy, en août, trois nuits d'émeutes, difficilement contrôlées par la police, ont été provoquées par l'annonce du suicide d'un jeune homme en garde à vue. A Amiens (Somme), en mai, les quartiers nord ont connu une nuit d'émeute après le décès d'un jeune qui pilotait une moto. Des rumeurs avaient circulé sur l'implication de la police dans l'accident. Même chose à Romans-sur-Isère, en septembre 2008 après une course-poursuite avec la police, ou Vitry-le-François en juin 2008 après un règlement de comptes autour d'un trafic de stupéfiants.
Plus profondément, ces événements témoignent de la ghettoïsation de certains quartiers. " Les situations les plus difficiles, les plus dures, sont souvent dans des petites villes et des villes moyennes. Les problèmes d'emploi et de pauvreté y sont souvent plus marqués que dans les banlieues des grandes agglomérations, comme Paris ou Lyon. Les ségrégations y sont aussi plus brutales, plus nettes ", constate le sociologue Didier Lapeyronnie, auteur de Ghetto urbain (Robert Laffont, 2008), en citant l'exemple de villes comme Angoulême (Charente), Montauban (Tarn-et-Garonne) ou Maubeuge (Nord). " Ce qu'on prenait pour un phénomène urbain est un phénomène social plus large ", ajoute François Cornut-Gentille, député UMP et maire de Saint-Dizier, commune marquée par une nuit d'émeute en octobre 2007 et de nouveaux affrontements entre jeunes et policiers en août dernier. " Il ne s'agit pas uniquement d'un problème de grandes villes. C'est plus grave : on est face à un problème de société, pas un problème de quartiers. "

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