18 novembre 2009

Comment les multinationales échappent à l'impôt

Comme quoi la suppression de la publicité sur les chaînes publiques à partir de 20 heures a du bon : Elle permet d’envoyer balader les sponsors.Lundi 16 novembre, l’émission Pièce à conviction a, pour la première fois à ma connaissance, expliqué de façon intelligible et à une heure de grande écoute le mécanisme des prix de transfert. Les prix de transfert permettent aux compagnies multinationales de se gaver avant même que leurs produits ne soient mis en vente.Ultra libéralement simple :1 / Une entreprise française, appelons-la kipositive, fait fabriquer un tee-shirt par un môme dans un sweat-shop asiatique. Coût unitaire : 0,10 centimes.2 / Au lieu de le vendre directement à sa filiale dans le pays final de distribution 10 euros, kipositive se revend le tee-shirt à elle-même 1 euro dans une filiale off-shore. C’est une ligne comptable, le tee-shirt n’y transitera jamais. (Contrairement à ce que vous dit votre Monarque, les paradis fiscaux se portent mieux que jamais.)3 / La filiale le revend à son tour à sa boutique française : 10 euros. Comme la filiale propriétaire est située dans un paradis fiscal, elle n’est pas imposée sur le bénéfice de 9 euros.4 / Vous achetez le tee shirt 15 euros dans un centre kipositive : «oauh la vache trop pas cher le tee-shirt X-men ! » (vous le payez 150X le prix, l’état se prend 20% de TVA et l’entreprise n’est quasiment pas imposée. Et puis ça fait bosser des caissières, enfin plus pour longtemps.)5 / 90% des sociétés du CAC40 profitent de ce système afin de détourner des milliards d’impôts (chiffre impossible à savoir : Bercy ne veut rien laisser filtrer). Dans le même temps, l’état en déficit ferme 182 blocs opératoires pas assez rentables et taxe les indemnités des accidentés du travail , histoire d’économiser une poignée de millions sur votre (mal de) dos.6 / Dans cette équation quasi-mafieuse adossée sur la complaisance des gouvernements occidentaux au premier desquels le nôtre, la boutique et ses salariés ne sont qu’un prétexte. On expliquera alors mieux certaines fermetures de magasins de chaîne.L’émission de France 3, remplissant une véritable mission de service public, est visible ici. Le reportage en question ainsi qu’une interview d’Eva Joly se trouvent dans la dernière partie.

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