25 février 2010

Chômage : l'exécutif face à de plus mauvais chiffres que prévu

Dur retour à la réalité sur le front de l'emploi. Selon les données publiées hier par Pôle emploi, le nombre de demandeurs d'emploi n'ayant pas travaillé dans le mois (catégorie A) a progressé de 19.500 (+ 0,7 %) en janvier. Cette hausse notable s'accompagne d'une autre mauvaise nouvelle : après avoir, comme chaque année, réactualisé ses coefficients de correction des variations saisonnières et des jours ouvrables, la Dares (ministère du Travail) a sensiblement revu à la hausse les estimations du chômage en 2009.


Selon ses nouvelles données, le nombre de demandeurs d'emploi n'a finalement pas baissé de 18.700 en décembre, comme cela avait été annoncé fin janvier, mais a stagné. La chute constatée en juin dernier, seul mois de baisse en 2009, a aussi été largement minorée… Résultat, le nombre total de chômeurs de catégorie A atteint désormais 2.664.600 (+ 16,1 % sur un an), soit 53.000 de plus qu'estimé fin janvier.
Les chiffres de janvier confirment en outre deux évolutions jugées « préoccupantes » par le gouvernement : la hausse du nombre de seniors au chômage (+ 1,4 %) et la progression toujours aussi rapide du nombre de chômeurs de longue durée (+ 2,8 %). Seul point positif, les jeunes ont été épargnés (- 0,2 %).

Au total, le nombre de chômeurs ayant activement cherché un emploi, qu'ils aient ou non travaillé dans le mois (catégories A, B, C), s'est accru de 15.900 en un mois.

Comme à son habitude depuis le début de la crise, Bercy se veut à la fois prudent à court terme et optimiste à moyen terme. Dans un communiqué, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, « prend note de cette hausse qui confirme que les effets de la crise sur l'emploi n'ont pas disparu », mais « considère cependant que le marché du travail est entré dans une période moins défavorable qu'en 2009 ». Elle pointe ainsi que la hausse de janvier « est près de deux fois plus faible que la hausse moyenne mensuelle observée en 2009 ». Le Parti socialiste, lui, dénonce une « dégradation inquiétante » de la situation de l'emploi. « La réalité de la France aujourd'hui, c'est 1 million de chômeurs en fin de droits en 2010 et un président de la République qui refuse de leur donner toute aide supplémentaire. »
Cette progression du chômage en janvier vient, en tous cas, apporter de l'eau au moulin des syndicats, pour qui la lutte contre le chômage doit rester la « priorité », comme ils l'ont rappelé lors de la réunion d'agenda social du 15 février. Nicolas Sarkozy leur avait alors promis une rencontre « en avril » pour tirer le bilan des mesures prises pour l'emploi l'an dernier. D'ici là, une rencontre tripartite devrait intervenir rapidement sur la question spécifique des chômeurs en fin de droits. Mi-février, le chef de l'Etat avait plaidé en faveur de formations rémunérées pour ne pas tomber dans le simple assistanat.
DEREK PERROTTE, Les Echos

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