Les nanotechnologies sont-elles dangereuses? C’est en tout cas un sujet chaud sur lequel la notion de risque n’est pas encore bien définie. Un débat piloté par la
Commission nationale du débat public (CNDP) a mis en lumière ce mardi «un consensus sur la nécessité» de les recenser et de fournir «une information large, précise et continue».
Par ailleurs, l’
Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) conduit avec le ministère de la Santé un projet européen,
Nanogenotox, depuis le mois de mars sur ce sujet. Quels sont les risques des nanotechnologies? Pour l’instant, les chercheurs tâtonnent sur la question. Mais la potentialité d’un danger pour l’homme et pour l’environnement se dessine.
Qu’est-ce que c’est?
La nanotechnologie est la suite logique du
processus de miniaturisation. On a commencé à créer des composants électroniques de plus en plus petits. «Il a fallu inventer des approches de miniaturisations», explique Aurélien Bancaud, chargé de recherche au CNRS. Du bricolage microscopique en d’autres termes. «On sait faire des montres à l’échelle microscopique, on pourra en faire à l’échelle nanométrique, c’est l’idée de cette évolution dans le domaine technologique», poursuit-il. Le nanomètre est de l’ordre du milliardième de mètre. En parallèle, des techniques de fabrication par des méthodes de chimie ont permis de produire des «nanoparticules».
Ouverture du champ des possibles
Les nanoparticules et les nanotechnologies sont deux voies qui convergent dans le même sens. «Comme on arrive à assembler de manière hétérogène de nouvelles particules, qui n’existent pas dans la nature, par des méthodes de chimie, on ouvre le champ des possibles de manière incroyable», pointe Aurélien Bancaud.
Où trouve-t-on des nanoparticules?
Dans de nombreux objets de la vie courante. L’afsset a recensé 246 produits manufacturés: de la brosse à dents, au sel, en passant pas des ours en peluche et la raquette de tennis. De son côté, la CNDP table sur 800 objets de la vie courante. Certains tissus peuvent en contenir pour éviter les odeurs. De même, «des crèmes solaires possèdent de l’oxyde de titane encapsulé dans de l’oxyde d’aluminium», observe Fabien Thomas, directeur de recherche au CNRS.
Les nanoparticules d’origine naturelle
L’amiante est un exemple. «Il est composé de nanoparticules naturelles et pourtant, si on en respire trop, c’est dangereux pour la santé», poursuit Aurélien Bancaud. Cependant, toutes les nanoparticules ne doivent pas être logées à la même enseigne.
Les dangers humains
Les chercheurs sont prudents sur les risques. «Ce qui n’est pas réactif, n’est pas toxique,
or les nanoparticules sont très réactives. Elles représentent donc une toxicité potentielle», déclare Fabien Thomas. Le premier danger serait que ces nanoparticules puissent entrer dans les cellules de l’organisme. «Nous n’avons aucune certitude, mais il se pourrait que celles qui se trouvent dans les crèmes solaires pénètrent à travers la peau», poursuit-il.
Les dangers environnementaux
De même que pour l’organisme humain, rien n’est encore prouvé de ce côté. Mais l'Afsset parle du problème de largage dans l’environnement. «A force de lavage, les vêtements anti-odeurs
libèrent dans la nature les nanoparticules et les poissons les incorporent», confirme Fabien Thomas. Avec moins de dix ans d’expérience dans ce domaine, il est difficile d’avancer de manière assurée les risques réels. Il faut rendre obligatoire la traçabilité et son corollaire l’étiquetage.
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